Les torrentueuses en « ma belle-mère elle a dit »

Trois Petites Truites éditions n’ont presque pas chômé pendant l’été. Comme elles aiment sévir là où on ne les attend pas, elles ont fait des sauts de côté et des rigolades amplifiées. C’est donc palpitantes qu’elles fracassent la rentrée en ouvrant une nouvelle collection, « Les torrentueuses », qui compile dans des livrets des textes écrits donnés à être entendus. Ils sortiront au goutte à goutte et seront mis en vente au sortir des lectures/spectacles et peut-être un peu ailleurs.

D’AILLEURS!

Le premier livret des Torrenteuses a été affectueusement façonné par Martin de l’atelier Risome à Crest (26) pendant le mois d’août. Il regroupe des textes d’Eloïse Plantrou qu’elle lit dans « Ma belle-mère elle a dit » aux côtés de Franz Velliet, gratteur électrique ambiancé. Elle y ose le rose et les croches-pattes aux injonctions, dit tout haut des histoires de femmes qui se vivent tout bas.

RDV en live avec le duo Les Bestiales le samedi 9 septembre à 18h chez l’habitant à Crest (plus d’infos au 06 33 27 84 51) et le dimanche 10 Septembre à 19h dans le cadre de Typon Tampon, merveilleux festival autour des arts de l’impression à Die (26).

« Les deux eaux » ont jailli

Trois Petites Truites éditions sont heureuses de vous annoncer la sortie de du recueil de Stéphanie Quérité »Les deux eaux », illustré par Elodie Latchimy-Bayle, et façonné par nos mains artisanales et amicales

Une première mise à l’eau s’est faite aujourd’hui à Crest! Vous pourrez dorénavant le trouver à la librairie La Balançoire.

Pour en savoir plus sur le dedans et le comment : https://troispetitestruites.wordpress.com/2021/06/08/les-deux-eaux/

Un extrait ici : https://troispetitestruites.wordpress.com/2022/03/23/les-deux-eaux-a-lecoute/

Comme d’hab, Trois Petites Truites éditions sortent une nouvelle série de carpes tostales en même temps qu’un nouveau bouquin. Et elle ressemble à ça : https://troispetitestruites.wordpress.com/2022/03/23/eclaboussures-4/

Il se trouvera, d’ici une 15aine de jours, le temps de partir en Tournée Truite à :

la Traverse (Saoù)

la Marge (Pont de Barret)

l’atelier 8 (Eurre)

l’Epicerie Générale (Saillans)

la Librairie Mosaïque (Die)

l’Etincelle (Valence)

Si vous ne pouvez plus attendre, commandez-le ici : https://www.helloasso.com/associations/trois-petites-truites-editions/paiements/precommande-du-livre-les-deux-eaux?fbclid=IwAR2n8B6c8Huqqpm1W0LMq28A-ZmOiKyZ56E1URLLoyn31NmQ8E5swjiUmJ8

On vous tiendra au courant d’un événement en couvaison pour le 1er trimestre 2023.

Truitement vôtre

Les deux eaux

La ligne de partage des eaux Atlantique-Méditerranée se trouve à quelques battements d’ailes de nos rivières. Si on avait l’agilité d’un exocet, on s’offrirait un vol Drôme / petit Rhône / Rhône / plateau ardéchois et on y serait en moins de deux. Moins de deux pour atteindre la crête et choisir son bassin versant, et pour une fois faire preuve de paresse en se laissant écouler du haut vers le bas, de l’eau douce vers l’immensité salée, et foncer.

Aujourd’hui 8 juin c’est la journée mondiale de l’océan. C’est le jour choisi pour annoncer la couvaison du dernier ouvrage de Trois Petites Truites Editions, Les deux eaux. Il est à la lisière, là où tout se rejoint, il est le premier de la Collection Confluences, la rencontre d’une plume et d’une touffe de poils, un texte de Stéphanie Quérité qui a inspiré les coups de pinceau d’Élodie Latchimy-Bayle. Il y est question de couleurs et d’émotions, d’un récit initiatique éclairé d’images. Un superbe travail de femmes qui ne demande qu’un coup de pouce financier pour être imprimé.

Trois Petites Truites Éditions optent cette fois pour l’impression numérique, rapport à la mise en valeur des œuvres d’Élodie. Pour l’occasion on franchit la longue langue d’eau qu’est le Rhône, direction Impressions Modernes à Guilherand-Granges, département voisin, Ardèche. Le reste, sérigraphie de la couverture, assemblage, découpage, bavardage, on le fera à coups de nageoires acérées en Drôme, comme d’habitude, parce qu’on aime ça et que c’est un ego boost merveilleux de faire des belles choses soi-même. Dans tous les cas ce qui est sûr, c’est que Les deux eaux sera un chouette objet, avec du cœur et des couleurs. Et que vous pouvez d’ores et déjà le précommander en cliquant ici.

Pour les oreilles curieuses, vous pouvez écouter un extrait en cliquant ici.

Pour l’éblouissement du regard, quelques illustrations tirées du recueil

Interview truitesque #11 / Carole Rivière

Et pour terminer cette série d’interviews truitesques des autruites du recueil Entre chiens et loups prêt à jaillir – imminence imminence – vous n’allez pas y croire, Carole Rivière nous répond du tac au tac, mais je n’en dis pas plus, ça coule de source!

– On dit frais comme un gardon. Comment te sens-tu, présentement?

A l’ombre des cocotiers.

– Quel genre d’aquatique es-tu?

Électrique.

– Brasse, papillon, crawl, godille ou pas chassés?

Buveuse de tasse.

– Dans quel milieu préfères-tu évoluer ?

Oxygéné.

– Tu es un poisson-clown. Quelle est ton anémone de mer?

Une perle rare.

– Un souvenir d’immersion mémorable ?

Par -20 degrés.

– T’arrive-t-il d’être au bord? Raconte.

A -21, ça commence à friser.

– Le mot qui suscite en toi un frétillement ?

Brrr.

– C’est quoi la musique de tes ricochets ?

Saturée.

– Ton mantra d’écrivant?

Plonge.

– Elle est où ta source d’inspiration?

Tout au fond.

– De quel courant te revendiques-tu?

Parallèle.

– Avec qui aimerais-tu faire confluence?

Orociseau.

– C’est quoi pour toi le déluge?

La fin des cocotiers.

Interview truitesque #10 / Stéphane Lambion

Lire Stéphane Lambion, c’est ralentir. Lire « Elle lui eux elles », c’est accéder. Son texte n’a rien à cacher. Son écriture permet. Ces corps ensemble, ces corps qui se répondent, c’est tenir. Dans la maison truite, c’est porteur, de transmettre ainsi le goût des peaux, le dessin des mouvements, mon dedans qui communique avec ton dehors, c’est ainsi qu’il le dit, Stéphane. Chez Trois Petites Truites éditions c’est essentiel, de le dire ainsi et par les mots, avant de faire, après avoir fait, corps avec les autres, et oser. Lui a mis un coup de pieds dans notre interview pour en déplacer l’ordre des questions, et en faire valser quelques unes en dehors du cadre. C’est osé, c’était à faire, c’est absolument dans l’esprit truite. Stéphane, c’est à toi!

« A interview décalée, réponses décalées. »

– Proverbe chinois

– T’arrive-t-il d’être au bord ? Raconte.

Je dirais même : il n’y a qu’au bord que c’est intéressant.

Sinon, on risque de ne jamais tomber.


– Quel genre d’aquatique es-tu ?

Une tortue, pour pouvoir y rester, sur le bord.

Et parce que j’ai peur de l’eau.

– Brasse, papillon, crawl, godille ou pas chassés ?

Brasse, rigoureusement – à la limite du petit chien.

Papillon, si l’on en croit mon désir de sortir vite du bassin.

– Dans quel milieu préfères-tu évoluer ?

Aérien : c’est depuis le haut des voies, bien encordé, que la mer est le plus belle.

– Un souvenir d’immersion mémorable ?

« Et moi maintenant tout entier dans la cascade céleste » : le premier vers d’un de mes poèmes préférés de Jaccottet.

– Le mot qui suscite en toi un frétillement ?

Frétillement, déjà.

C’est-à-dire tous les mots, si on les écoute bien.

– Elle est où ta source d’inspiration ?

Dehors, et dedans.

Dans ce que dehors fait à dedans.

– De quel courant te revendiques-tu ?

D’un courant qui change souvent de sens.

– Avec qui aimerais-tu faire confluence ?

Oh, ça…

– C’est quoi pour toi le déluge ?

C’était hier soir, en rentrant de Granchester sans parapluie.

Interview truitesque #9 / Stéphane Gautheron

Nous nous sommes faites un jour pécheresses en rameutant en notre frayère un auteur fraîchement révélé. A nos oreilles et à nos yeux, Stéphane Gauthron nous fit l’effet d’une cascade, fond et forme confondus. Après son recueil Ainsi l’eau monte, paru l’année dernière en notre maison, il revient Entre chiens et loups avec son texte « Pour une friche », dont la beauté radicale rend compte d’une affirmation. C’est une voix certaine, c’est une voix singulière, et nous sommes fières de la tenir audible, bientôt lisible entre vos mains. En attendant, rencontrons cet auteur plus en profondeur, en cette 9ème interview truitesque.

– On dit frais comme un gardon. Comment te sens-tu, présentement?

Plutôt bien.

Le travail fatigue peu, question d’habitude.

La politique m’ennuie, rien ne se passe. Autour de moi c’est un peu mou, intellectuellement peu stimulant. Avec mes amis je rigole bien et on cause, on casse un peu tout ça, mais avec cette histoire de virus je les vois trop peu.

Un peu sans bar, un peu sans concert, un peu sans tout ça.

Un peu fatigué à cause des enfants, de toute façon c’est toujours à cause des enfants…

– Quel genre d’aquatique es-tu?

Baleine dans un bol d’eau salée.

– Brasse, papillon, crawl, godille ou pas chassés?

La natation synchronisée est un truc qui m’a toujours laissé perplexe. Tu tombes rarement sur des images de ce genre de pratique, et quand ça arrive, je ne peux pas dire que je m’y intéresse, mais ça me fait quelque chose.

Tu te dis « Ah ouais, y’a des gens qui font ça, dingue… »

Toutes ces heures passées dans l’eau pour représenter une fleur qui s’ouvre en se grimpant dessus… et puis tu penses à autre chose. Mais quand même la natation synchronisée c’est un truc vraiment à part.

– Dans quel milieu préfères-tu évoluer ?

Alors, c’est pas compliqué : avec Pasc, Rem, Nico, Mathias, JC, Seb…

Pile au milieu.

– Tu es un poisson-clown. Quelle est ton anémone de mer?

Ils entretiennent tous deux un rapport très complexe il me semble, je ne sais pas répondre à ta question.

– Un souvenir d’immersion mémorable ?

Le concert de The Ex aux Tanneries à Dijon

– T’arrive-t-il d’être au bord? Raconte.

Le bord, c’est un truc fascinant :

Faut-il sauter ?

C’est la question, parce que tremper son pied pour voir si c’est chaud ou si c’est froid ce n’est pas être au bord. Ça c’est être à la plage.

Peut-on sauter ?

C’est aussi la question, parce que tout le monde n’y est pas autorisé.

L’expérience du bord la plus précieuse est de se jeter dans un fou-rire, le courant emporte tout.

Au bord de la crise de nerfs, au bord du gouffre, au bord de craquer… on sent là toute la retenue inhérente à cette expression « au bord ». Souvent quand je reste au bord personne ne me reproche rien.

– Le mot qui suscite en toi un frétillement ?

Là, maintenant, je dirais : l’altérité.

– C’est quoi la musique de tes ricochets ?

Un rock brut, sensible et inspiré.

– Ton mantra d’écrivant?

Je ne prie pas.

– Elle est où ta source d’inspiration?

Chez toi, chez moi, sur une chaise, sous une chaise, sur une table, sous une table et dans l’herbe, dedans l’herbe, dessous l’herbe sous le soleil, dedans l’herbe sous des dunes, dans un tunnel, sous une voiture, en allant, en venant, en s’arrêtant, en repartant, en t’écoutant, dans l’herbe encore, mais pas celle du jardin, celle des chemins, dans le matin, sa lumière, et ses sons, dans le décorum, comme on y brille, et tutti quanti.

– De quel courant te revendiques-tu?

Alternatif.

– C’est quoi pour toi le déluge?

C’est quand il pleut très fort qu’on surnage et qu’on cherche une branche

Interview truitesque #8 / Nnuccia

Trois Petite Truites éditions aiment les contrastes. Nager en eau trouble, se laisser porter par le tumulte, remonter le courant avec ardeur, rester tranquille en un creux. Nnuccia nous offre en son texte « Le trop évident » l’occasion d’une suspension. Quelque chose se fige, se laisse regarder, vient à nous tranquille, et ce n’est jamais anodin. Avant de découvrir son instantané en son entier, glissons nous entre les parenthèses de son interview truitesque.

– On dit frais comme un gardon. Comment te sens-tu, présentement?

Je me prépare à être cuisinée. On m’a dit que trois petites truites avaient quelques questions à poser.


– Quel genre d’aquatique es-tu?

A la fois dulcicole pour la douceur et marin pour mettre mon grain de sel. N’ayons pas peur des contradictions.

– Brasse, papillon, crawl, godille ou pas chassés?

Je compte bien continuer à apprendre à nager aussi longtemps que possible.

– Dans quel milieu préfères-tu évoluer ?

L’eau, l’air, la terre, peu importe l’élément, tant que je suis au milieu des clapotis, des pulsations, des transports, des surprises.

– Tu es un poisson-clown. Quelle est ton anémone de mer?


Mes anémones-abris sont à géométrie variable. Selon l’humeur et les circonstances je peux me réfugier dans un poème caribéen, dans l’odeur du café, dans les détails d’une fleur de nigelle, dans un jardin, sur les montagnes d’une île, au milieu du public d’un concert, à la terrasse d’un café, ou dans le rire de quelqu’un qui me regarde faire le poisson-clown.


– Un souvenir d’immersion mémorable ?

Il y en aurait des litres de possibles. Je me laisse souvent submerger. Sensible. En remontant loin le courant, je pense à un concert de Mano Solo au cirque d’hiver. Il avait invité Lhasa. Leur duo. Plus de vingt ans après le souvenir du bain d’énergie et d’émotions reste présent.

– T’arrive-t-il d’être au bord? Raconte.

Au moins aussi souvent au bord de la page qu’au bord de l’eau. Dans la marge.

– Le mot qui suscite en toi un frétillement ?

Le mot « porosité ». Il paraît qu’il rend perméable à l’eau qui ruisselle alentour.

– C’est quoi la musique de tes ricochets ?

Discrète, nourrie de la musiques des ricochets des autres. Parfois ça éclabousse. Parfois ça fait polyphonie, et nous dansons.

– Ton mantra d’écrivant?

Un mantra se prononce. Écrire commence plutôt comme écouter. Le bruit du ressac ou celui de la rivière peuvent il faire office de mantra ?

– Elle est où ta source d’inspiration?

Pour le savoir il faudra nager à contre courant.

– De quel courant te revendiques-tu?

Le courant ? Je suis contre, justement.

– Avec qui aimerais-tu faire confluence?

J’aimerais associer archipel et confluence. Le « avec qui » est donc pluriel.

– C’est quoi pour toi le déluge?

Bonne question, je ne l’attends pas en tous cas.